venerdì 28 gennaio 2011

Oliviero Toscani, un photographe controversé?


Oliviero Toscani est né en 1942 à Milan. Ce fameux photographe italien est l’auteur de clichés mondialement connus de part leur originalité et leur provocation. Il a collaboré avec les plus grandes marques et journaux à travers le monde.

De 1982 à 2000, Toscani a fait équipe avec la célèbre enseigne de vêtements Benetton, ce qui a nettement accru sa notoriété. Les photographies (très controversés) pour la marque ont été mondialement connues et ont fait beaucoup parler d’elles. La majorité de ces photos ont pour but de pointer du doigt les différences entre les individus en abordant, notamment, le racisme, la guerre, la religion, la peine de mort ou le sida. Le pay-off de Benetton étant : « United Colors of Benetton », le photographe s’est donc inspiré de cette phrase pour réaliser ses clichés. Il s’est entouré de modèles ayant des âges, sexes et origines différents (africaines, asiatiques, orientales, occidentales …) et les a montrés de diverses manières : Un couple homosexuel afro-occidental ayant un bébé asiatique ; la main d’un bébé noir dans la main d’un adulte blanc ; une femme noire allaitant un bébé blanc…etc. Parmi les publicités les plus célèbres se trouvent celle d’un homme atteint du Sida sur son lit de mort, entouré de proches et celle d’un prêtre et d'une sœur s’embrassant.

La majorité de ces photos ne disposent pas de texte explicatif, ce qui laisse libre cours à de nombreuses interprétations. Tout est mis en œuvre afin de susciter chez le spectateur les plus vives émotions. Rappelons que ces publicités ont été publiées dans une période où beaucoup de tabous étaient encore ancrés dans notre société et le racisme bien présent.

Suite à cette collaboration, Toscani a travaillé en 2007 pour une enseigne de vêtement (No-l-lita) créant une campagne publicitaire choc visant à lutter contre l’anorexie. On peut voir une femme atteint de la maladie, nue. Cette photo a provoqué les plus vives critiques, négatives comme positives de partout dans le monde. Elle montre en effet au grand jour cette maladie tant répandue mais tellement tabou encore aujourd’hui. Cela rappelle également le problème de la maladie dans le milieu de la mode. On se rappelle tous de ces mannequins espagnols qui furent interdit de défilés parce qu’ils étaient trop maigres. Ce thème est particulièrement cher au cœur de Toscani qui considère notre société souffrant « d’anorexie sociale ». Selon lui, les relations sociales de nos jours auraient tendance à diminuer à cause du développement des nouvelles technologies. Il s’agit donc de la dénonciation de tout un concept bien plus que d’une « simple » maladie.

On retrouve ici la question de morale et d’éthique du photographe, surtout concernant le cliché de l’homme sur son lit de mort. Cette photo peut être considérée comme violant la liberté physique du malade, c'est-à-dire son droit à la vie et à la mort sans que des millions de spectateurs y assistent. Cela peut être également paru comme violation de l’intimité.

Mais selon Toscani « Celui qui ne choque pas n’est pas un artiste » et « il faut bouleverser les valeurs et remettre les choses en question, constamment » (interview d’Elisa Marengo, cafebabel.fr). On peut effectivement constater que la société et les mœurs ont évolués dans le temps grâce notamment à des évènements provocants ou choquants pour l’époque et amplifiés par les médias. On peut penser par exemple à Marilyn Monroe et sa fameuse robe blanche à une époque où les femmes ne montraient pas autant de parties de leur corps en publique. Cette photo, qui à l’époque (années 50) était très controversée, paraitrait aujourd’hui tout à fait banale. Cependant, on peut se demander où est la limite à cette provocation.

Oliviero Toscani marque les esprits par ses œuvres controversées, choquantes, provocantes. Mais au-delà de ses photos, c’est également son personnage qui est provoquant et controversé. Il veut marquer les esprits et faire réagir le public sur de nombreux problèmes sociaux qui nous entourent. Et c’est en créant et diffusant ses clichés qu’il souhaite faire changer les choses. Cela peut paraitre une méthode extrême, mais elle a le mérite d’avoir ouvert les débats et d’avoir fait réfléchir le public sur de nombreux thèmes. En ce sens, on peut dire que la photographie controversée est un moyen de communication efficace.

La photographie controversée





Du 4 Mars au 20 Juin 2010 s’est tenue à Vienne (Autriche) l’exposition « Kontroversen » (comprenez controverse) qui réunissait les plus grands photographes ayant défrayés la chronique. Les photos exposées ont toutes soulevé par le passé et/ou encore actuellement une polémique, quelle soit d’ordre juridique, éthique ou morale.

Parmi les plus célèbres, se trouvaient celle d’Oliviero Toscani « Kissing Nun, 1992 » associant publicité sexe et religion ; celle de Todd Maisel, « The Hand, 9/11, New York, 2001 » montrant une main coupée après le drame du 11 Septembre 2001 et que le gouvernement américain a censuré ; ou encore « The Falling Soldier, 1936 » de Robert Capa capturant la mort d’un soldat.

On peut également penser aux nombreuses photos de nus montrant des enfants et des femmes malades (les photos d’anorexie d’Oliviero Toscani), ou faisant un gros plan de sexe féminin (photos de Belloc). Ces images ayant, selon leur auteur, un caractère « artistique », peuvent paraitre provocantes, choquantes, ou à connotation pornographique pour nombre d’entre nous. C’est d’ailleurs pour cela que la plupart d’entre elles ont du faire face à des poursuites judiciaires et censures.

Où est alors la frontière entre ces deux concepts ? Faut-il tout permettre aux photographes ? Doit-on tout accepter sous prétexte de la liberté d’expression ? L’intrusion de la justice est-elle légitime ?

Ces questions ont un poids encore plus important lorsqu’il s’agit de remettre en cause la morale du photographe. Prenons par exemple la photo de Kevin Carter prise en 1993 au Soudan d’une petite fille agonisante près d’un vautour qui attend la charogne. Cette photo fut la couverture du célèbre magazine «The New York Times » et devint rapidement le symbole de la situation au Soudan. Le photographe n’ayant pas supporté de ne pas pouvoir sauver l’enfant et tombant dans la dépression s’est suicidé quelques mois plus tard. L’exemple de Franck Fournier est aussi équivoque avec son œuvre « Omayra Sanchez, Armero, Colombie, 1985 » capturant une petite fille bloquée dans une coulée de boue sachant qu’il ne pouvait pas la sauver. Sa photo était-elle légitime ? N’aurait-il pas plutôt dû lui laisser ces quelques derniers moments d’intimité avant sa fin ? On peut également illustrer cette remise en cause de la morale de l’auteur avec la photographie de Marc Garanger « Portrait de Chérid Barkaoun, Algérie, 1960 », soldat du contingent ayant pour mission de prendre des photos d’identité des femmes algériennes durant la guerre d’Algérie, les obligeant à se dévoiler. Sachant que se dévoiler devant un autre homme est totalement interdit par leur religion, n’aurait-il pas du essayer de se défendre de prendre ces photos et de lutter pour leurs droits ?


Tous ces photographes ont pris ces clichés sachant que la vie et l’intégrité des modèles étaient en jeu. Dans ces cas précis, quel est le devoir du photographe ? L’information ou l’action ? On peut penser que c’est un non respect des droits de l’homme, une violation des libertés individuelles et physiques des modèles. C’est dans ce sens précis que la morale des artistes est remise en cause.


Rappelons que la photographie, outre son caractère artistique, a pour but premier d’informer et de communiquer un message. Toutefois en fonction de l’interprétation de chacun, elle peut aboutir à des dérives. Au cours du temps, la photographie a beaucoup évolué, parallèlement au développement des mœurs et de la société. On peut croire aujourd’hui que l’unique façon de transmettre un message fort est peut être d’utiliser des méthodes ayant un impact important. Est-ce vraiment la seule solution ?

La réponse est propre à chacun, mais force est de constater que dans tous les cas, qu’on apprécie ou non ces photos controversées, les critiques sont nombreuses…

mercoledì 19 gennaio 2011

Georges Frêche au cinéma






Le 15 décembre 2010 j'ai été surprise d'apprendre la sortie d'un film sur Georges Frêche, homme politique français mort le 24 octobre dernier, et donc défunt président du conseil général de la région Languedoc-Roussillon et également ancien maire de Montpellier. Pour voir sa biographie: Link
Pour rappel, une région en France est l'équivalent d'une "provincia" italienne et Montpellier est la neuvième ville de France.

Quel est l'intérêt de ce documentaire? Selon le réalisateur Yves Jeuland, cela permet de vivre pendant six mois la dernière campagne électorale d'un homme connu pour sa forte personnalité.

Voir les coulisses et le fonctionnement d'une campagne électorale doit être intéressant mais avec un tel personnage, cela peut devenir rapidement une farce, une comédie. La bande annonce du film nous laisse déjà deviner cette possibilité: http://www.youtube.com/watch?v=qzgWMBvHt_M

Nous pouvons constater, sans surprise, dans ce film, les manipulations classiques d'une campagne électorale, comme l'image que les conseillers veulent donner du candidat ou les sujets à aborder et ceux à éviter lors des interviews et des meetings, comme par exemple les relations avec les membres des autres listes candidates.

Mais Georges Frêche étant en politique depuis plusieurs décennies, son image est bien ancrée dans les esprits et il est très bien connu des journalistes.

Tout d'abord il avait été exclu du parti socialiste et a donc fait campagne au premier tour aussi ...contre eux. Voici un bel exemple de publicité "gratuite" pour une campagne électorale. Cela induit également que les électeurs choisissait un homme et non pas un parti. Par conséquent ce film porte sur un homme "sans étiquette", avec sa manière de faire. C'est la superstar de la campagne, il met de fait complètement dans l'ombre les autres personnes de sa propre liste.


Ensuite Georges Frêche était connu pour ses polémiques, qui l'ont fait connaitre au niveau national, ces propos pouvant compromettre sa réélection (ou l'aider selon certains). Un de ces derniers exploits ont été l'installation à Montpellier de statues en bronze de 3 mètres de haut de "grands hommes" comme par exemple Charles de Gaulle, Winston Churchill et ... Lénine et sont prévues pour cette année entre autres Nelson Mandela, Gandhi et Mao Zedong. On aperçoit dans le documentaire quelques-unes des ces statues en miniature sur son bureau.

Il a donc réussi à faire parler de lui, à se faire voir et à laisser sa trace. Cela devrait sans doute pour lui, au yeux du public, le placer avec ses "grands" et ériger des statues est un bon geste d'homme politique du siècle dernier. Peut-être espérait-il aussi que l'on en dresse une pour lui. La stratégie de communication a parfaitement réussi, de nombreux articles et reportages en ont fait l'écho.

Il était devenu, avec d'autres polémiques et même des procès, incontournable. Autre exemple, lorsqu'il était maire de Montpellier, il transformait régulièrement les sessions municipales en spectacles et n'hésitait pas à dire du mal des opposants présents.

Puis il prend les votants par les sentiments. Comme meilleure illustration de sa méthode voici un extrait de cours à des étudiants de Droit à Montpellier en 2008:

"Ah, mais si les gens fonctionnaient avec leur tête,
mais les gens ne fonctionnent pas avec leur tête, ils fonctionnent avec leurs
tripes. La politique c'est une affaire de tripes, c'est pas une affaire de tête,
c'est pour ça que moi quand je fais campagne, je ne le fais jamais pour des gens
intelligents. Des gens intelligents, il y en a 5 à 6%, il y en a 3% avec moi et
3% contre, je change rien du tout. Donc je fais campagne auprès des cons et là
je ramasse des voix en masse."


Cela doit fonctionner car il a été élu et réélu à de nombreuses reprises, mais cela pose la grave question de la légitimé de l'élection, si réellement ceux qui se déplacent pour voter pour lui se font avoir. Également est-ce un bon exemple pour tous les hommes et femmes politiques et les électeurs en général? Tout simplement, suffit-il, de parler pétanque et livres gratuits pour les lycéens ainsi que de se montrer au stade lors d'un match, pour remporter une élection?

Enfin son programme peut faire sourire: le slogan Uniquement pour Vous, suivi pêle-mêle de , "Un destin pour chacun", "Intelligence économique", "Restons nous-mêmes", "Développement agréable", "Le cœur n'a pas de rides" et "Obligation de résultat".

Par conséquence, des termes à la mode, avec lesquels chacun peut trouver son bonheur surtout si on regarde rapidement. Rien de détaillé et surtout pas de phrases. En fait, des expressions qui ne veulent rien dire comme « Intelligence économique » qui signifie pour moi espionnage industriel! Je suis sûre que si j'avais écrit cet article en 24 mots, il aurait été certes plus facile à rédiger et à lire mais en revanche n'aurait pas transmis beaucoup d'informations ni de réflexions.
Mais il est vrai que ce candidat avait pensé il y a quelques années, au début de son précédent mandat, rebaptisé la région Languedoc-Roussillon en Septimanie. Jouer sur les mots et l'image est donc une habitude chez lui. Il ne s'agit donc pas de réfléchir, de penser en profondeur à ce programme.

Photo de son équipe « très masculine » de campagne

En conclusion la machine à gagner Georges Frêche fonctionne assez bien. Le film montre un homme qui fait sa propre publicité par ses histoires plus ou moins véridiques et un équipe de campagne bien préparée et bien huilée.

Ce qui me fait demander: lors de campagnes électorales montre-t-on ce que nous voulons voir et/ou nous faire croire ce qu'ils nous montrent ou même vouloir croire ce qu'ils veulent nous montrer?


Au niveau politique la communication de masse est importante, l'image doit être un peu flou car souvent la cible est large, il ne faut pas trop choquer, il faut se faire bien voir. Tout cela avec Georges Frêche semblait être un exercice d'équilibriste.

Cependant nous pouvons avoir l'impression qu'il s'agit d'un rôle et que cet homme le jouant tellement bien et depuis tellement longtemps, devient une publicité vivante et que son image et ses actions le font devenir une caricature de lui-même.

Ce système construit autour d'une seule personnalité pose le problème de l'avenir car nous ne voyons pas de successeur désigné.


Ses revirements à l'écran, ses mensonges flagrants, sont cependant assez rares devant une caméra. Je me demande s'il avait oublié qu'il était enregistré et filmé. Mais attention, il ne semble pas exister dans ce long métrage d'images volées ou prises contre la volonté de Georges Frêche.


Ce franc-parler me laisse parfois perplexe, car il brouille le message qu'il veut envoyer. Par exemple il affirme avoir grandi dans une famille pauvre puis annonce le contraire peu après.



Ce film nous laisse penser ce que nous voulons des images, il n'y a pas de voix off qui nous dirige.
Ce n'est pas la première fois que le cinéaste Yves Jeulan filme les coulisses d'une campagne électorale et les affres de ses participants. Son but est clairement de nous montrer comment fonctionne réellement une campagne électorale pour les régionales dans le sud de la France avec tout particulièrement le routier de la politique Georges Frêche.

Comment ce film a-t-il été perçu? Il a été une déception pour ceux qui voulaient voir un testament politique ou un récapitulatif de sa vie.
Ce document n'est pas un testament, il traite "seulement" six mois de campagne.
La mort de, si j'ose dire, l'acteur principal, quelques mois après son élection, a changé les attentes du public sur ce film, cela l'a fait connaitre encore plus.

Aujourd'hui ce documentaire est encore à l'affiche, essentiellement en Languedoc-Roussillon. Il a un certain succès dans la région, avec dès le premier jour 3000 entrées. "Le président" fait donc encore parler de lui des mois après sa mort.